Quel est l’impact du conflit sur les prix de l’énergie ?

L’impact sur les marchés de l’énergie nous semble être le facteur économique le plus préoccupant à l’heure actuelle. Le prix de l’essence était à un niveau record et les prix du pétrole sont également repartis à la hausse ces derniers jours. Les dirigeants européens ont décidé de ne pas toucher à l’importation de pétrole et de gaz de Russie pour le moment, afin de ne pas laisser les prix de l’énergie grimper davantage. Dans tous les cas, ces évolutions de prix sont très difficiles à prévoir et il reste à voir ce que les prochains jours apporteront.

Des signaux similaires proviennent également des entreprises allemandes, l’organisation patronale allemande BDI a émis un avertissement inhabituellement aigu qu’une nouvelle hausse des prix de l’énergie et du gaz “risque d’écraser l’économie”. Le BDI a ajouté que la situation est si grave que même les entreprises de taille moyenne de divers secteurs fidèles à leur emplacement devraient envisager de déplacer leurs opérations à l’étranger.

Cette crise souligne encore plus que l’Europe doit désormais réellement prendre le risque d’une dépendance énergétique excessive vis-à-vis de la Russie. Près de 40 % du gaz européen provient aujourd’hui de Russie. Pour l’Allemagne, cela monte à 50% et il n’y a pratiquement pas d’alternative viable à court terme. Cela comporte d’importants risques à court terme et limite également, par exemple, la portée des sanctions de l’Europe.

Quel est l’impact du conflit sur l’inflation ?

La Russie n’est pas une superpuissance économique, mais elle occupe une position cruciale sur plusieurs marchés de matières premières. La Russie est un important producteur de pétrole brut (12 % de la production mondiale), de gaz naturel (17 %), de blé (10 %), d’huile de tournesol (26 %), de palladium (43 %), de platine (12 %) et d’engrais tels sous forme de potasse (20%). Le conflit a entraîné des augmentations importantes des prix de divers produits de base ces derniers jours. Il est difficile de prédire l’évolution des prix des matières premières, mais il semble qu’ils resteront volatils pendant un certain temps encore, avec un risque élevé de nouvelles hausses de prix.

La hausse des matières premières a évidemment un impact sur l’inflation. Il était déjà en hausse avant ce conflit en raison des augmentations précédentes des prix des matières premières et des chaînes d’approvisionnement perturbées lors de la reprise remarquablement forte de la crise corona. Cependant, il semblait que l’inflation avait graduellement culminé, et que l’inflation se calmerait assez rapidement dans les mois à venir. Ce schéma semble toujours le scénario le plus probable aujourd’hui, mais la hausse supplémentaire des prix des matières premières fera en sorte que le refroidissement sera beaucoup plus lent qu’on ne le pensait auparavant. † L’inflation sera donc en moyenne plus élevée pour le reste de l’année, avec le risque d’une nouvelle accélération de l’inflation en cas de perturbations majeures des marchés des matières premières (scénario qui n’est plus impossible).

Une inflation plus élevée en Belgique implique également des augmentations salariales plus fortes via l’indexation automatique des salaires. Jusqu’à avant l’invasion, la hausse attendue de l’indice santé en 2021-2022 était de 8 %, ce qui correspondrait à 12 milliards de coûts salariaux annuels supplémentaires pour les entreprises belges. Avec les dernières évolutions des prix sur les marchés des matières premières, ces chiffres seront encore plus élevés. Cela compromettra davantage notre position concurrentielle. Dans d’autres pays, une compensation de la hausse de l’inflation des salaires est négociée, qui tiendra probablement désormais davantage compte des circonstances exceptionnelles et de l’incertitude accrue.

Quel est l’impact du conflit sur l’économie (mondiale) ?

Il y a des turbulences sur les bourses et sur les marchés internationaux des devises, ce qui n’est jamais vraiment bon pour le climat des affaires et la confiance. Il y a aussi un impact possible sur les décisions de taux d’intérêt des banques centrales (possible report des hausses de taux d’intérêt), mais c’est encore une question en suspens.

L’impact économique ultime de cette crise ne peut pas être prédit pour le moment. Il y a encore trop d’incertitudes pour cela. Néanmoins, le scénario le plus probable dès aujourd’hui est que cette crise conduira à une hausse de l’inflation et à une croissance plus faible.